Église Chapelle Fontanges Paroisse Patrimoine Cantal Auvergne
L'Église & La Chapelle

De cette nouvelle église nous avons conservé l'acte de naissance

Une quarantaine d'années après que la communauté des prêtres-filleuls eût reçu la charge de la cure de Fontanges, un vaste projet acheva de mûrir. L'église primitive, construite à l'époque romane pour le service d'une paroisse, était trop petite pour les exigences cultuelles d'une communauté en expansion. Il fallait se résoudre à construire un édifice en rapport avec les besoins nouveaux.

De cette nouvelle église nous avons conservé l'acte de naissance, sous la forme d'une inscription lapidaire en lettres gothiques, aujourd'hui scellée sur le flanc gauche du porche d'entrée. On y déchiffre le texte suivant rédigé en langue romane :

L'AN MCCCC    FU COMEN
LXVIII ET LO VI   SAT PER P
JORN DE IUNH    VINYA

Ce qui se traduit ainsi : L'an 1468 et le 6 juin (cette église) fut commencée par P. Vinya (Lavigne).

A la fin de la dernière ligne, un cep de vigne, porteur d'une grappe de raisin, évoque le nom du maître d'oeuvre tandis qu'un marteau symbolise sa fonction.

Quelques archivoltes encadrent le tympan de la porte d'entrée. Au-dessus du porche une salle voûtée s'éclaire par une fenêtre carrée à barreaux de fer. C'était la salle des archi-ves où l'on gardait les titres, parchemins, terriers de la com-munauté. On y accède par un escalier à vis taillé avec soin.

De l'église romane on laissa subsister le clocher, tour massive, carrée à la base, octogonale au sommet, percée de huit baies en plein cintre.

L'église de 1468 mesure 30 m. 36 de long et 11 m. 35 sous voûte. La largeur de la nef est de 7 mètres, à laquelle s'ajoute l'enfoncement des chapelles, soit au total 12 mètres.

La nef, sans transept, se termine à l'est par une abside à trois pans, largement éclairée par trois vastes baies. Celle du centre est cloisonnée de trois meneaux qui fleurissent en quadrilobes et mouchettes. Au pignon de l'ouest s'ouvre un simple oculus.

Les nervures prismatiques des voûtes sont ornées de lourdes clés sculptées. Elles retombent, ainsi que les arcs doubleaux, sur des culs-de-lampe ornés de masques et de feuillages.

Des six travées deux sont occupées par le choeur et le sanctuaire. Dans les quatre autres s'ouvrent quatre chapelles au nord et, vers le sud, trois chapelles ainsi que la porte d'entrée au bas de l'église. Le flanc nord se défend contre le froid par d'étroites ouvertures.

La tour romane, contre laquelle s'appuie l'édifice gothi-que donne asile à l'une des chapelles, sans que soit rompu l'ordre intérieur. A l'étage supérieur, une tribune s'ouvre sur la nef. Arc surbaissé orné de moulures, balustrade en pierre tout le soin apporté à la décoration permet de penser que la tribune était réservée aux officiers de la communauté. On y accède par un escalier en colimaçon de 84 marches qui se portent mutuellement : le tailleur de pierre était un maître.

Des travaux, conduits par un jeune curé dynamique, le R.P. Maurice, rédemptoriste, ont transformé l'aspect inté-rieur de l'église. Une première campagne, en août 1960 inté-ressa les chapelles. Une seconde, en janvier 1967, se préoccupa de la nef et des voûtes. Des étudiants rédemptoristes, blancs de poussière, décapèrent allègrement les murailles de leurs plâtras séculaires. Le bel appareil régulier de pierres grises a été mis à jour, que cernent les joints plus clairs. Sur ce fond se détachent à merveille les boiseries du choeur, la chaire, les tableaux, l'or des statues, la polychromie des rétables. L'ensemble est élégant, lumineux, discret et pieux.

L'aspect extérieur n'est pas moins digne d'intérêt. Non loin du pont jeté sur l'Aspre, en bordure d'un espace dégagé où s'étendait l'ancien cimetière, l'église se dresse parée de ses simples éléments architecturaux. Les murs de refend , des chapelles apparaissent à l'extérieur pour ce qu'ils sont : des contreforts qui épaulent les voûtes de la nef. Le décroche-ment de la tour romane avec sa flèche, les toitures de lauzes, la régularité de l'appareil, tout contribue à créer un rythme discret de couleurs et de lignes, près de la toile de fond toute proche des montagnes verdoyantes.

Pour situer l'église de Fontanges dans un cadre régiona-liste il est bon de rappeler combien sont rares en Haute-Auvergne les édifices de l'époque gothique. Au XVI siècle on se contenta le plus souvent d'agrandir les édifices romans par des adjonctions diverses : chevet, porche, sacristie, et plus communément chapelles latérales. De cette époque nous dénombrons à Saint-Flour la cathédrale, et, aux alen-tours les églises de Villedieu et Chaudes-Aigues. L'arrondissement d'Aurillac compte l'église de Notre-Dame aux Neiges, celles de Thiézac et de Sansac-de-Marmiesse. La canton de Mauriac ne nous offre que l'église de Saint-Martin-Valmeroux et celle de Fontanges. Pour souligner la valeur de cette dernière rappelons qu'elle a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 21 juin 1927.

Les prêtres-filleuls, dont beaucoup sont inhumés sous les dalles de l'église, se survivent en un monument qui leur fait honneur.